Si se lancer dans l’entrepreneuriat est toujours complexe, c’est encore plus vrai dans le secteur culturel, où l’on manque parfois de compétences business. Heureusement, des dispositifs initiés par le gouvernement existent pour aider ceux qui souhaitent se lancer. À ce sujet, nous avons rencontré Philippe Tilly, chargé de mission pour le ministère de la Culture et de la Communication.
Philippe Tilly, merci d’accorder une interview à Orfeo. Pouvez-vous nous présenter votre rôle au sein du ministère de la Culture et de la Communication ?
Je suis chargé de mission au bureau du financement des industries culturelles de la DGMIC (Direction générale des médias et des industries culturelles) du ministère de la Culture et de la Communication. Je m’occupe plus particulièrement de l’action territoriale et de l’entrepreneuriat culturel afin notamment de favoriser la professionnalisation des entrepreneurs et la structuration des industries culturelles.
Concrètement, quelles actions a mis en place le ministère de la Culture et de la Communication, dirigé par Fleur Pellerin, pour aider les entrepreneurs à se lancer ?
Dès la création de la DGMIC en 2010, nous avons engagé une réflexion autour de l’entrepreneuriat et réalisé une étude pour mieux connaître les besoins et les attentes des entrepreneurs du secteur des industries culturelles. À partir de celle-ci, nous avons mis en place plusieurs choses. Un guide "Entreprendre dans les industries culturelles" a été publié en 2013, puis actualisé l’année suivante. Il recense plus de 90 dispositifs nationaux de soutien à la structuration des entreprises. Nous nous sommes en effet aperçu que les entrepreneurs du milieu culturel ne connaissaient pas très bien les aides de droit commun auxquelles ils pouvaient prétendre. Ce guide est là pour leur apporter des réponses.
Ensuite, nous avons contribué à renforcer l’action de l’IFCIC (Institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles). Cet établissement de crédit a reçu pour mission du ministère de la Culture et de Communication et du ministère de l’Économie et des Finances de contribuer au développement des industries culturelles, en facilitant pour ces entreprises l’accès au financement bancaire. Il propose désormais des fonds d’avances remboursables à certains secteurs comme les industries musicales, les librairies indépendantes ou les entreprises de presse.
Troisième action concrète, la création du site entreprendre-culture.fr, une plateforme collaborative dédiée à l’entrepreneuriat dans le secteur culturel. Elle recense et présente notamment 110 dispositifs d’accompagnement dédiés à la culture et financés par les pouvoirs publics. Elle permet de favoriser la mise en réseau des différents acteurs, qui affichent une vraie volonté de se connaître et de travailler ensemble.
Enfin, cette année a eu lieu le premier forum Entreprendre pour la culture, à Paris et dans 6 villes en région. Un grand moment de rencontre pour les professionnels des industries culturelles et d’échange sur les problématiques du secteur, avec conférences, tables rondes et autres "speed meetings".
Ce forum Entreprendre pour la culture s’est terminé, à Paris, le 27 mars dernier. Quel bilan tirez-vous de cette première édition ?
Un bilan très positif ! Il y a eu beaucoup d’intérêt et d’enthousiasme autour du forum et nous avons eu beaucoup de participants, à la fois des entrepreneurs, des étudiants et des institutionnels. Les 33 ateliers et tables rondes proposés ont été extrêmement riches et les interventions étaient de grande qualité. Cela confirme notre intuition de départ : les entrepreneurs culturels recherchent des informations pratiques pour se développer. Ils ont besoin d’échanger et de mieux connaître les autres acteurs du secteur. Le forum Entreprendre dans la culture va devenir un rendez-vous régulier qui va revenir tous les ans. L’année prochaine, nous espérons ouvrir plus largement le champ des secteurs abordés, car l’entrepreneuriat culturel concerne l’ensemble du périmètre d’intervention du ministère.
Que conseilleriez-vous à quelqu’un qui souhaite entreprendre dans la culture ?
Entreprendre, c’est prendre des risques. A cet égard, il est nécessaire d’en avoir conscience pour mieux les maîtriser. Au-delà des projets artistiques et culturels, il semble essentiel d’avoir un projet d’entreprise et une vision à long terme de celle-ci. La capitalisation insuffisante des entreprises et le manque de fonds propres les freinent souvent dans leur développement et sont la cause de beaucoup de blocages, voire de défaillances. Il ne faut pas négliger la protection sociale du dirigeant d’entreprise. L’isolement de l’entrepreneur est une réalité qui peut être très mal vécue et il est important d’être bien conseillé et accompagné. À ce titre, la diversité des dispositifs d’accompagnement peut répondre efficacement à ces différents points.
Merci, Philippe Tilly !
Source image : Flickr/Roman Schmiz